Le métier de Peintre en lettres : un art qui refuse de s'effacer
- lesalfredines
- 19 nov.
- 4 min de lecture
Ce mois-ci, nous avons été inspiré par une vidéo Instagram de @mercipourlinfomag, que l'on retrouve ici, mettant en lumière le travail captivant @alexis_lettres_peintes. En la découvrant, nous avons eu envie de parler de cet art qui touche directement à notre univers : celui de la peinture en lettres. Entre nostalgie et résurgence contemporaine, entre tradition artisanale et quête d'authenticité, le sign painting mérite un approndissement. Voilà pourquoi nous avons souhaité explorer ce métier, ses défis, et surtout, célébrer celleux qui refusent de laisser cette discipline sombrer dans l'oubli.
Le Sign Painting, bien plus qu'une simple peinture

Le sign painting est une discipline qui conjugue art et communication visuelle. Il s'agit de créer, en totalité à la main, des lettres, des symboles et des éléments visuels sur diverses surfaces (bois, verre, métal, pierre) destinés à informer, séduire ou décorer. C'est une pratique qui fusionne typographie, théorie des couleurs et savoir-faire artistique pour produire des enseignes durables et esthétiquement captivantes.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est loin d'être une simple affaire de coup de pinceau. Chaque traçé demande une connaissance approfondie des lettres, des majuscules romaines classiques aux écritures cursives enjouées, ainsi qu'une compréhension fine de la perspective, de la composition et de la hiérarchie visuelle.
Les outils employés racontent une histoire : des pinceaux spécialisés à bords longs et plats, le mahl stick qui assure la stabilité de chaque geste, la roulette de mercerie accompagnée de talc ou de craie pour tracer les patrons. Tout repose sur l'expertise, la patience et une passion qui se cultive sur le temps long.
Un peu d'histoire...
L'histoire du sign painting en France remonte aux années 1830, avec l'émergence du commerce de détail. C'est au cours du XXᵉ siècle qu'il a connu son apogée, quand chaque façade de rue était une galerie d'enseignes peintes, quand chaque commerce possédait sa propre identité visuelle et artisanale.
Puis est venu le déclin. Entre les années 1980 et 2000, le métier a progressivement disparu, englouti par les technologies numériques et l'impression numérique. Les stickers, les vinyles adhésifs et les machines de découpe ont peu à peu relégué le travail de la main dans les oubliettes. En 2015, un décret officiel n'a pas jugé bon d'inclure le sign painting dans la liste officielle des arts et métiers reconnus... Un oubli qui en dit long sur la dépréciation d'un savoir-faire devenu « démodé ».
Pourtant, l'histoire ne s'arrête pas là . À la sortie de la crise sanitaire, quelque chose s'est réveillé. Les commerces, friands d'authenticité, en mal de distinctions dans un paysage urbain devenu monochrome et standardisé, ont redécouvert l'attrait irrésistible du fait-main. Le numérique, en semant partout son uniformité, a paradoxalement créé un retour de l'artisanat. Les peintres en lettres ont donc émergé de l'ombre, porteur·euses d'une alternative précieuse : celle de l'authenticité.
Les typographies peintes, une liberté créative
Voilà une question qui revient souvent : peut-on peindre toutes les typographies ? La réponse est nuancée et c'est là que se dessine la véritable richesse du métier.

Bien sûr, techniquement, toute typographie peut être adaptée à la main. La peinture en lettres offre des possibilités que le numérique ne réplique pas : les finitions mates ou brillantes, l'application de feuille d'or, les dégradés subtils, les textures vivantes qui ne peuvent naître que sous le pinceau.
Les peintres modernes explorent d'ailleurs des typographies variées, du vintage au contemporain, en passant par des créations hybrides qui n'existent que parce qu'elles ont été pensées spécifiquement pour leur espace. C'est cette liberté créative, cette adaptabilité au contexte, qui rend chaque peinture unique et irremplaçable.
Quant à la question de la survie face au numérique, c'est légitime. Les boutiques en ligne ont effectivement réduit le besoin d'enseignes physiques flamboyantes. Mais elles ont aussi créé une opportunité : dans un monde où l'éphémère domine, les enseignes peintes deviennent des marqueurs permanents, des objets de patrimoine urbain. De plus, le mouvement de redécouverte de l'artisanat touche toutes les générations, y compris les plus jeunes, qui recherchent des alternatives authentiques à la production de masse.
Les derniers survivant·es ?
Il en existe encore, heureusement. Des professionnel·les continuent d'exercer cet art. On en retrouve particulièrement dans les grandes villes où la demande persiste et où les propriétaires de petits commerces investissent dans l'identité visuelle de leur lieu. Ces peintres travaillent aussi bien sur des devantures historiques qu'iels restaurent, que sur des projets contemporains. Certain·es créent également pour des décors muraux, des fresques intérieures et extérieures, ou interviennent dans la signalétique de lieux d'exposition et de galeries.

On espère que cet article vous a intéressé et vous a donné envie de vous attarder sur de belles vitrines ou enseignes peintes à la main ! En tout cas, nous avons adoré en apprendre plus sur ce métier, lié au nôtre par la passion de la typographie.
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