Le design participatif : penser ensemble, créer ensemble
- lesalfredines

- 8 oct.
- 4 min de lecture
Dans cet article de blog, nous continuons de vous parler de notre métier… Nous vous avons déjà proposé des articles "exploration" sur différentes thématiques clefs de notre métier :
Tous ces aspects de notre métier nous passionnent, nous questionnent et nous donnent envie de vous en parler dans ces notes de blog. Si jamais vous avez des suggestions, des envies, des passions, n’hésitez pas à nous les partager !
Le design participatif, une approche centrée sur les utilisateur et utilisatrices
Aujourd’hui, nous vous parlons d’une autre forme d’expression du design graphique, une forme qui ne se limite pas au graphisme d’ailleurs, mais également au design d’espace, design de mode et surtout du design produit.
Théoriquement, tout design est participatif. L’utilisateur·ice est au cœur du processus de création : le design, "c’est le dessin qui rencontre le dessein". Cependant, certain·es designers choisissent d’impliquer davantage les utilisateur·ices, partenaires ou publics dans le développement du projet. C’est ce que met en lumière le design participatif (ou co-design) : une méthode de travail qui implique activement celles et ceux à qui le produit ou service est destiné.
Le design devient alors un espace de dialogue, d’expérimentation et de partage où la frontière entre celui·celle qui crée et celui·celle qui participe s’efface peu à peu.
L’Autre Soie - Une identité visuelle signée Graphéine et les Autres
Projet phare du design collaboratif, L’Autre Soie incarne une vision collective de la création. Ce tiers-lieu situé à Villeurbanne, porté par un groupement d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, place l’humain au centre du projet urbain. Son ambition : repenser la ville à travers la cohabitation, la créativité et le faire-ensemble.
L’agence de communication Graphéine a choisi d’appliquer cette philosophie jusque dans l’identité visuelle du lieu. Leur question de départ : "À quoi ressemblerait une identité visuelle horizontale, participative et inclusive ?"
Leur réponse prend la forme d’un logo interactif, où chacun·e est invité·e à relier « l’Autre » à « Soie ». Le logo existe à travers cette action : c’est le geste qui crée le signe. En traçant ces liens, chaque participant·e devient co-créateur·rice de l’identité visuelle. Cette approche illustre la notion de co-design : une autorité partagée, un geste collectif, une œuvre ouverte. Le design est ici un outil de médiation, un espace d’expression libre où se rencontrent graphistes, habitant·es, institutions et publics. Graphéine et ses partenaires ont prolongé cette expérience collaborative à travers des ateliers participatifs, où les visiteur·euses ont pu tracer leurs propres liens, constituant une « banque de connexions » utilisée ensuite dans la communication du lieu.
Une belle démonstration que le design n’est pas seulement affaire de forme, mais aussi (et surtout) de rencontres et d’expériences partagées.
Baby Boom Zoo - Quand le public diffuse la campagne

En 2011, le zoo d’Amsterdam a connu un véritable baby boom parmi ses animaux. L’agence Dawn a transformé cet événement en une campagne participative : des affiches grandeur nature de bébés animaux étaient placardées dans toute la ville. Les affiches étaient en réalité des planches de stickers géants, avec lesquelles les passant·es pouvaient interagir, les décoller, les déplacer et les recoller ailleurs.
Une manière ludique et émotive de rapprocher le public de l’institution, tout en favorisant un engagement collectif et viral.

Spontaneous Festival - Une affiche à compléter
En 2011, le graphiste Tom Henni conçoit une affiche inachevée pour le Spontaneous Festival . L’espace laissé vide invitait le public à compléter l’affiche à la main, devenant ainsi co-créateur·rice de l’œuvre. Une idée simple mais puissante, qui transforme la communication visuelle en expérience collective.
Studio Moniker et le Conditionnal Design - Le design génératif et la co-création numérique
Le Studio Moniker en collaboration avec le Conditionnal design, explore depuis plusieurs années les liens entre design, technologie et participation. Leur projet Your Line or Mine invite les internautes à tracer une ligne à la main qui est ensuite intégrée à une fresque collective en ligne.

Leur démarche valorise le processus plutôt que le résultat final et met en avant la création partagée et en constante évolution.
Deux exemples qui sortent légèrement de notre activité principale mais tout de même à voir :
Water Light Graffiti - L’interactivité comme langage visuel collectif
Le designer Antonin Fourneau a imaginé un mur composé de milliers de LED qui s’allument au contact de l’eau. Installée à Poitiers, cette œuvre invite le public à peindre avec des pinceaux, des vaporisateurs ou simplement les doigts mouillés. Cet art numérique s’inscrit dans un projet poétique et communautaire qui questionne la trace, la temporalité et l’expression collective dans l’espace urbain.


Michel Blazy - La nature comme collaboratrice
Avec son œuvre Lâché d’escargots sur moquette marron, Michel Blazy confie littéralement le geste artistique à des escargots. En laissant des traces de bave éphémères, ces derniers modifient l’œuvre au fil du temps.
Cette collaboration entre humain et animal interroge la limite de la co-création : qui crée ? qui agit ? et quelle part du contrôle est réellement partagée ?
Le design participatif nous rappelle que la création n’est jamais un acte isolé. Elle s’enrichit des regards, des gestes et des voix de celles et ceux qui y prennent part. Cette posture : penser avec plutôt que pour, questionne la place des designers et des utilisateur·rices dans le processus créatif. Et si, demain, nos identités visuelles, nos espaces et nos objets devenaient tous le fruit d’un dialogue collectif ?









